Le retour d'un Templier en Arkol

La mer était agitée et le navire tanguait plus qu'à l'accoutumée, roulant entre des vagues de plus en plus imposantes. Le ciel sombre et couvert était parcouru de lueurs inquiétante au coeur des nuages colériques et du roulement sourd d'un orage naissant, laissant présager un fort grain et une averse drue, peut-être même accompagné de grêlons. Le vent, toujours plus violent, fouettait la voilure impitoyablement, menaçant de la déchirer. Le capitaine, conscient du danger, ordonna a son équipage de la réduire, ce qui allait la protéger, mais incidemment réduire énormément la vitesse du vaisseau.

La plupart des passagers s'étaient déjà réfugiés dans leur cabine, peur ceux assez fortunés pour en avoir une d'attitrée, ou dans la cale, ou ils seraient en partie protégés des éléments déchaînés. Voilà Maintenant plusieurs jours que le navire avait pris la mer, accostant a plusieurs ports pour déposer ou prendre de nouveaux passagers à son bords. Son prochain arrêt prévu était Arkol, mais bien qu'ils auraient du rallier la terre dans une journée selon les prévisions initiales, il était fort a parier que la température actuelle rallongerait le délais passé en mer d'au moins une journée additionnelle.

Le templier, contrairement à la plupart des passagers, ne s'était pas réfugié sous le pont. Bien que son plastron d'armure de plate l'alourdisse sous son tabar aux couleurs de Talinas, il ne craignait pas de passer par dessus bord. Après tout ce qu'il avait affronté en terre d'Arkol, et même dans certains demi-plans hors de ce monde, il avait développé une assez grande confiance en ses moyens. S'il venait à basculer dans la mer, il était assez confiant d'être en mesure de retirer son lourd plastron rapidement et de trouver une façon de s'en tirer vivant. Sinon, eh bien c'est que sa déesse avait une raison de le rappeler a lui à ce moment précis et si c'était sa volonté, il s'en accommoderait.

Le vent fouettait son tabar et son visage et les premières gouttes de pluie commencèrent à l'atteindre, le raffraichissant agréablement, contrebalançant la chaleur et l'humidité de l'air marin.

Il était monté à bord du bateau seulement depuis son dernier arrêt, au port d'Orisi. Tout l'hiver il s'y était rendu afin de faire des recherches dans les grandes bibliothèques des temples de Talinas qui s'y trouvaient. Maintenant qu'il maniait avec autant d'aisance les pouvoirs divin de sa déesse que la magie arcanique qui coulait dans ses veines, il avait souhaité en apprendre davantage sur la création de nouveaux sortilèges, ou miracles, afin de pouvoir continuer à combattre les ténèbres toujours si présentes et si fortes en terres d'Arkol. Ses recherches avaient été longues et fastidieuses, mais il en était satisfait. Grâce à celles-ci, et son don pour les deux types de magie principales, il comprenait maintenant les pouvoirs régissant ces manifestations comme bien peu d'hommes.

Il était quelque peu perdu dans ses pensées lorsque soudainement, il perçu l'aura maléfique entourant habituellement les viles créatures mortes refusant de rester sous terre. L'aura était puissante, oppressante... Plusieurs de ses abominations étaient en train d'escalader la proue du navire, et se jetaient vers l'équipage et les passagers étant demeurer sur le pont. Une autre vague de créatures putrides commença a escalader la poupe.

Le templier dégaina son fidèle fléau et enfila son bouclier, et entonna une prière a Talinas, qui infusa une douce lumière dans son arme. Il attaqua ensuite les zombie ayant pris pied sur le pont près de lui, et en vint rapidement à bout grâce à leur lenteur et à la bénédiction de sa déesse qui rendait son arme redoutable pour ces créatures. Après avoir réussi à se débarrasser des morts-vivants dans son entourage immédiat, il survola le champ de bataille du regard, afin de voir ou son aide pourrait être la plus utile.

C'est alors qu'il la vu. Une jeune elfe, semblant figé par la terreur, entourée d'une véritable marée de ces monstres putréfiés. Étant certain que la demoiselle n'en a plus pour longtemps à vivre sans son aide, il attrapa son médaillon religieux et entonna une nouvelle prière à sa déesse, tout en avançant vers la horde de morts-vivants entourant la jeune fille. Alors que ceux-ci se jetaient sur elle, le templier arriva a la rescousse. Il était entouré d'un dôme de douce lumière blanche, faisant environ cinq mètres de rayons, et aussitôt que ce dôme entrait en contact avec les monstres, ceux-ci laissaient échapper un sifflement de douleur et reculaient, tentant au plus vite de sortir de cette lumière. Il fut donc aisé au templier de libérer l'elfe de l'étau de morts-vivants qui l'entourait.

Une fois celle-ci en sécurité il put à nouveau observer le champ de bataille. C'est alors qu'il localisa la source de tout ce chaos. Un énorme sahuagin à 4 bras, tenant un bâton entouré d'une aura menaçance et ténébreuse dans une main griffue levée au ciel et un livre de cuir noir, orné d'un crane dans l'une de ses autres mains.

Le Templier, conscient que c'était l'Adversaire le plus redoutable a bord, entonna une incantation arcanique, et 7 projectiles de lumières s'échappèrent de ses doigts pour venir frapper le nécromancien de plein fouet. Sans attendre que son adversaire récupère, Talmir fonca vers celui-ci pour l'Attaquer.

Après la mort d’Exalion, le sauvetage in extremis de Tamir d’un destin de marbre et la mort de dizaines de citoyens, le calme avait semblé reprendre le dessus, pour le moment. Élios comprenait que sa présence n’était plus requise sur les lieux, qu’il valait mieux partir, pour mieux revenir. Retrouver sa détermination et sa force étaient parmi ses priorités, tout comme solidifier le lien qui l’unissait à sa déesse, Talinas. C’est pour cette raison que l’ancien moine partit sur un autre continent. Il payait son voyage contre de menus services. Allant de la manutention à la guérison des malades et blessés, passant par la protection rapprochée de personnes fortunées. Mais tout cela n’était que futile, le vrai but de ces actions étaient de pouvoir voyager, se renforcer, pour mieux revenir là où il serait important, à Arkol.

Chaque jour Élios priait, chaque jour il s’entrainait, et chaque jour il se vidait complètement de son énergie magique. Il voulait davantage de puissance, pour pouvoir soigner davantage de gens, pour sauver ne serait-ce qu’une vie. Tous les efforts étaient bons pour en arriver à ce résultat! Le néo-pratiquant de la magie divine tenta aussi le plus grand des miracles, la résurrection divine. C’est le genre de sort qu’il est normalement impossible d’apprendre à maitriser en autodidacte, mais quand on est déterminé, mais surtout, lorsqu’on est déjà capable de ramener à la vie un être, par des méthodes runiques, c’est plus facile de comprendre.

Après près de un an à voyager, s’entrainer et aider son prochain, Élios sentait qu’il était temps de repartir à Arkol Était-il prêt? Il verrait bien. Il voyagea de navire en navire jusqu’à Verrond. Là, il avait réussi à accumuler suffisamment d’argent pour non seulement se payer un voyage jusqu’à Arkol, mais il lui en resterait rendu à destination.

Lors de la seconde journée du voyage, la mer semblait très houleuse. Le moine avait décidé de rester dans la cale, préférant méditer prier, mais surtout, confectionner ses runes de destruction…

Parmi le sifflement du vent, le bruit des vagues sur la coque et la pluie qui heurtait le bois, le prêtre entendit un bruit inhabituel. Le cri d’une femme. En une fraction de seconde, il se releva et se dirigea vers le pont, que se passait-il?

Arriver en haut, il n’eut pas le temps de s’étonner de revoir son bon ami Talmir qu’il était déjà en plein combat. Un zombie essaya d’attraper son manteau, mais fut propulsé plus loin grâce à de bons réflexes et du puissant coup de pied d’Élios. À ce moment fusèrent des projectiles magiques, ils visaient une étrange créature qui semblait être le centre des problèmes ici. Le pugiliste en profita pour tester sa nouvelle tactique. Il sortit un kunai de sa poche et le lança vers l’ennemi. Ce dernier ne put l’esquiver, étant déjà sous le choc de cette armée de projectiles magiqus, il l’encaissa pourtant sans trop de soucis. Mais c’était sans compter le petit bout de papier accroché à l’arme de jet. On pouvait clairement y voir une rune luire.

D’un puissant kiaï, Élios fit exploser son rune. On voyait un sourire se dessiner sur ses lèvres, la mort et la terreur ne lui manquaient pas, mais le combat, lui, oui.

La vile créature aquatique, surprise par la rapidité et la puissance des attaques dirigées contre elle, décida de battre en retraite afin d'éviter tout risque de rejoindre ses morbides monstres dans le trépas. Elle jeta un regard assassin en direction du templier qui chargeait dans sa direction et du moine ayant osé décocher cette vicieuse attaque explosive, gravant leurs traits dans sa mémoire reptilienne, et sauta par dessus bord avant que le dévot de Talinas ne parvienne à la rejoindre. Dans un sifflement, la créature cria a l'adresse de ses deux adversaires principaux, alors qu'elle plongeait vers les flots glacés.

-"Par Ténébros, misérables humains qui avez osé vous opposer à moi, je jure qu'un jour vos cadavres putrides serviront dans mon armée et m'aideront à régner en Son nom!"

Puis dans un grand bruit d'éclaboussure la créature percuta la surface de la mer et disparut dans ses profondeurs.

Alors que leur maître fuyait, les attaques des morts-vivant se firent moins organisés, et ceux-ci se dispersèrent, offrant des cibles plus facile pour l'équipage et les passagers qui commençaient à s'organiser. Après quelques minutes de combat acharné, les dernières aberrations furent vaincues ou repoussées à la mer.

Heureusement les pertes semblaient être minimes à bord du navire. Il y avait bien plusieurs blessés, certain l'étant d'ailleur assez gravement, mais il ne semblait y avoir eu qu'un seul mort. Talmir se dirigea aussitôt vers le malheureux, et entonna une longue prière, plus cérémonieuse encore que ses invocations habituelles. À la conclusion de ce rituel, une percée se fit dans les nuages, et un rayon de soleil blanc et pur tomba directement sur le corps du jeune matelot ayant été occis par les morts-vivants. Aussitôt ce dernier pris une grande inspiration et battit des paupières, désorienté. Il avait été ramené à la vie par la puissance et la volontée de la Déesse de lumière.

Le monstre affaibli usait de propos bien péjoratifs envers les humains, mes ses paroles firent plutôt sourire Élios. Il savait fort bien ce que de simples humains pouvaient accomplir lorsqu’ils s’en donnaient la peine. Après cette pose d’une seconde, il se retourna pour asséner un violent coup de bâton en manatite sur le crâne putride du zombie en arrière de lui. La menace écartée, il balaya du regard le pont. La plupart des ennemis étaient déjà éliminés, et Talmir semblait très à l’aise avec son fléau, qui virevoltait d’un crâne à l’autre avec une divine précision. Le prêtre de Talinas put alors se préoccuper des blessés, la plupart semblaient en état de se débrouiller sans aide, mais il en vit un très blême, baignant dans son sang. Élios s’approcha et annonça tout haut une prière, bras gauche levé au ciel, et le droit saisissant son amulette soleil.

Talinas, déesse de lumière et de bonté, puisses-tu m’accorder le pouvoir de sauver cet homme!

Sa main devint lumineuse, et lorsqu’elle toucha le corps du blessé, ce dernier se vit reprendre des couleurs, stupéfait par la puissance de la guérison. Sans attendre de remerciements, l’ancien moine partit vers Talmir. Il constata que l’un des matelots avait trépassé. Voyant Talmir commencer le rituel de rappel à la vie, le maitre des runes ne put s’empêcher de vouloir épater son vieil ami en ramenant le mort d’une façon bien plus rapide, mais il n’en fit rien. Les années lui avaient apporté ne serait-ce qu’un peu de sagesse, et interrompre ainsi le templier ne serait que perte de temps et d’énergie pour quoi? Son orgueil déplacé?

Il attendit donc patiemment que le mort ouvre les yeux, pour ensuite prendre la parole.

Je prends la relève.

Il enchaîna ensuite pour une seconde prière, afin de guérir cet homme qui était à peine plus vivant que mort.

Puis, il souffla un coup, et se retourna vers Talmir, lui mit une main sur l’épaule et lança un très peu solennel ''Ça va mon vieux?''

Le templier fût agréablement surpris par la présence de son ami à bord du navire. Il ne l'avait pas revu depuis plusieurs mois et il le croyait resté en Arkol pendant les mois hivernaux.

-"Élios! Ça fait plaisir de te voir ici! Je te croyais en terre d'Arkol, en train de vider les réserves de vinasse de l'auberge!"

Talmir éclata de rire a la référence de ces moments passés ou Élios taquinait la bouteille avec une certaine régularité.